Comment te dire ce que j’ai sur le cœur ?
À l’heure qu’il est je ne suis qu’une petite sœur qui ne veut plus être baby sitter.
J’étais violente avant, j’avais dans le ventre de la rancœur à vendre, j’étais jamais dans les rangs.
J’étais féline et solitaire en cachette, solide et masculine de la tête aux baskets.
Vu que la famille ne tenait qu’à un coup de fil, j’ai compris, j’ai pas tout dit, mais j’ai repris ma routine.
J’me suis demandée à quoi bon vivre, à quoi bon rester, j’ai cherché dans les livres un peu de paix, un peu de respect.
J’ai attendu des heures près du téléphone, je croyais mon père mort mais on l’a vu sur le globe, alors, pas si facile d’être le fruit d’un fugitif,
Finirais-je par fuir moi aussi sans te donner la vie ?
Non, je le jure, mon enfant, tu verras le monde, et tu seras l’amour car tu porteras mon nom.
Ni le ciel, ni les étoiles ne m’éloignent de toi
Je te donnerai un père et une voix,
Je le jure, je serai là du berceau à la tombe,
Je serai le monde car tu porteras mon nom.
Adolescente, je ne me voyais pas être femme,
Les adultes étaient lâches face aux gosses de mon âge.
Toujours en quête de l’enfant parfait, les mères enquêtaient sur leurs mômes tandis que la mienne partait.
Trop souvent seule, j’ai fini par comprendre que l’argent était la fin et que sa fille était gourmande.
Alors ma mère, je l’ai aimée secrètement, maladroitement, je l’aime démesurément.
Tout cet amour qu’on a gâché, on le rattrape, mais je n’aurais jamais assez d’une vie pour lui rendre hommage.
Si je te parle de ma mère, c’est que je n’ai qu’elle, ta grand-mère est une reine, et sa force je te lègue.
Souviens toi qu’elle est ton sang, qu’elle est le pourquoi de ton cran, qu’elle était grande, et qu’il faudra qu’on lui ressemble.
Mon enfant, tu ne regretteras pas le monde, et tu connaîtras l’amour car tu porteras mon nom.
Ni le ciel, ni les étoiles ne m’éloignent de toi
Je te donnerai un père et une voix,
Je le jure, je serai là du berceau à la tombe,
Je serai le monde car tu porteras mon nom.
J’ai grandi, je le sais, je ne suis plus la même, mon cœur si faible a retrouvé tous ses repères.
Je le jure, je te donnerai tout ce que j’ai reçu, mais sois sûr que je te dispenserai des blessures.
Je le jure, je t’épargnerai les peines, je serai toujours ton ciel dans la marelle.
Au fait, ton papa m’attend quelque part, des fois, je crois le voir, mais il ne te ressemble pas.
Je l’imagine père, je l’imagine mari , je l’imagine fier, je l’imagine fragile.
Je nous visualise à trois dans le parc, toi sur la balançoire, puis tous les trois dans le sable.
Je m’imagine mère, je m’imagine bénie, je m’imagine fière d’avoir donné la vie.
On sera beau, crois moi, on sera bien dans ce monde, avec le temps, on sera plein, et vous porterez mon nom.
Ni le ciel, ni les étoiles ne m’éloignent de toi
Je te donnerai un père et une voix,
Je le jure, je serai là du berceau à la tombe,
Je serai le monde car tu porteras mon nom.